jeudi 17 février 2011

II. Anatomo-physiologie du temps buccal de la déglutition

-        Initialement : une succion-déglutition labio-linguale avec une alternance retrait - propulsion de l'apex de la langue, conjuguée à des mouvements d'abaissements mandibulaires ;
-        Par la suite : dès l'apparition de la manducation dentée (avec la mise en jeu des muscles masticateurs et des élévateurs du "dôme lingual"), acquisitions motrices épigénétiques "indispensables à la morphogenèse faciale "normale" "(DEFFEZ) ;
II.1    Anatomie fonctionnelle du temps buccal de la déglutition
(DOUAL, DEFFEZ, COULY)
II.1.1    Les effecteurs musculaires de la langue
-        Les 8 paires de muscles et l'unique muscle lingual supérieur ont pour particularité de n'avoir qu'une insertion osseuse voire aucune pour le transverse ;
-        Leur action est plus facile à individualiser pour certains. Lorsque les sous-hyoïdiens fixent l'os hyoïde :
o      Le génio-glosse :
o      Seul muscle protracteur de la langue ;
o      Le génio-hyoïdien :
a.      plaque la langue sur le plancher et l'antériorise ;
b.     prédomine dans les postures de "langue basse habituelle".
o      le stylo-glosse :
a.      porte la langue en haut et en arrière en majorant simultanément son diamètre transversal dans la moitié postérieure de la portion mobile ;
b.     sa mise en jeu habituelle favorise la croissance transversale de la voûte palatine ;
c.      de même, cet élargissement postérieur permet la croissance alvéolaire verticale par la suppression de l'interposition des bords linguaux dans les secteurs latéraux ;
d.     la contraction des SG est contemporaine de celle des glosso-hyoïdiens, "syncinésie favorable", responsable d'un relèvement du "plancher cutané", témoin indirect de l'élévation du dôme lingual et utile lors de l'examen clinique de la déglutition ;
e.       son image motrice n'est pas constituée dans les béances incisives avec interposition linguale antérieure, caractéristique de succions pérennisées ;
o      Le pharyngo-glosse, l'amygdalo-glosse et le palato-glosse :
a.      ont une action proche en élevant la langue en arrière, aidant ainsi le SG à constituer le dôme lingual.
o      1'hyo-glosse :
a.      attire la langue en bas et en arrière ;
b.     c'est le muscle du "retrait lingual dynamique" (DEFFEZ), dont la mise en jeu est simultanée de celle du digastrique lors de la tétée ;
c.      sur le plan neurologique, ces muscles appartiennent au système pharyngo-digestif animé par le IX et le X.
o      le transverse :
a.      tendu du septum lingual à la muqueuse du bord latéral homologue, il allonge la langue en l'amincissant ;
b.     c'est le "paradoxal allongement par contraction" de COULY ;
c.       ceci est favorisé par la bascule volumétrique de la langue (COULY) au cours de laquelle, la base est tirée par le SG et l'os hyoïde est tiré vers l'avant par le GH, vers le haut par le SH.
o      Le lingual supérieur :
a.      impair ;
b.     raccourcit la langue.
o      Le digastrique :
a.      abaisseur et rétropulseur de la mandibule ;
b.     évoqué ici, malgré sa double insertion osseuse et bien qu'il ne participe pas à la masse linguale, mais en raison de son relais hyoïdien et de son rôle primordial dans la tétée ;
c.      en effet, au cours de la succion-déglutition, le digastrique est le muscle ducteur et le HG, le rétracteur de la langue (avec sa configuration en gouttière), à partir d'un os hyoïde fixé en rétro-position, par le SH. Le SG n'y est que régulateur.
-        A l'inverse, lors de la déglutition arcades serrées et langue au palais, l'action du SG est prédominante et celle du digastrique régulatrice, le GH fixant l'os hyoïdien en avant ;
-        De plus, on doit rappeler son innervation motrice par le VII (par un contingent empruntant la corde du tympan) ce qui rend compte de sa synergie d'action avec les muscles de la mimique (notamment l'orbiculaire des lèvres) chez le nourrisson (cf.paragraphe suivant).
II.1.2    Les effecteurs musculaires de l'orifice buccal
o      Les orbiculaires des lèvres, innervés par des branches du VII :
a.      L'orbiculaire externe, composé de deux catégories de faisceaux :
o      extrinsèques : faisceaux dilatateurs pour la lèvre supérieure (le triangulaire des lèvres, le buccinateur), et pour la lèvre inférieure (le canin et les faisceaux supérieurs du buccinateur), avec un noeud de croisement de ces faisceaux : le modiolus.
o      intrinsèques : 4 muscles incisifs supérieurs et inférieurs (deux pour chaque lèvre), allant de l'os à la peau commissurale.
a.      Les orbiculaire internes sont uniquement à insertion cutanéo-muqueuse commissurale.
o      Les releveurs profonds et superficiels de l'aile du nez et de la lèvre supérieure.
o      Le canin.
o      Les grand et petit zygomatique.
o      Le risorius.
o      Le buccinateur :
a.      par ses insertions alvéolaires maxillo-mandibulaires dans les régions molaires, il repousse le contenu des vestibules vers les arcades dentaires mais se laisse au contraire déprimer lors de la succion ;
b.       d'autre part, il joue un rôle primordial dans l'insalivation de par l'importance de ses fibres participant au sphincter du canal de Sténon.
o      Les myrtiforme, triangulaire des lèvres et carré du menton.
o      La houppe du menton :
a.      née des saillies alvéolaires des incisives et de la canine ; chacun des muscles de la houppe aboutit à la peau du menton et contribue, avec son homologue, à faire monter la lèvre inférieure dans des parafonctions caractéristiques.
o      Le compresseur des lèvres, décrit par ROUVIERE, prend une place importante dans la succion, en comprimant les lèvres d'avant en arrière.
o      Les peauciers du cou : attirent en bas la masse musculaire mentonnière et les commissures labiales, en prenant appui sur leurs insertions inférieures scapulaires.
-        Tous ces muscles sont innervés par des branches maxillaires et/ou buccales du VII, de même que le MH et le digastrique qui participent à la dynamique linguo-mandibulaire ;
-         Insistons dès à présent sur le rôle du XII innervant le SG, en association avec le IX et ce pour la réalisation du dôme lingual ;
-         C'est également le XII qui innerve le GH, élévateur de l'os hyoïde ;
-         L'autre modulateur de la posture linguale est le nerf phrénique ;
-         C'est ainsi que l'on peut accorder à la posture céphalique, un rôle considérable dans la déglutition puisque, le noyau grand hypoglosse est au contact des noyaux constitutifs de la 2ème et de la 5ème (?) racine du plexus cervical.
II.1.3    Les effecteurs musculaires du voile du palais
o      Le péristaphylin externe :
a.      assure l'ouverture et le fonctionnement de la trompe d'Eustache ;
b.       indispensable pour l'équilibration de la pression de la caisse du tympan avec l'air ambiant et pour le drainage des sécrétions de l'oreille moyenne, ceci notamment lors de la déglutition salivaire correcte, du bâillement et de l'éternuement.
o      Le péristaphylin interne :
a.      assure en association avec le péristaphylin externe, la séparation rhino- et oro-pharynx, en horizontalisant le voile du palais et en le transformant en une barrière rigide en regard de l'arc antérieur de l'atlas.
o      L'azygos de la luette :
a.      complète cette séparation en relevant la partie postérieure du voile du palais (de par ses insertions à l'extrémité de la luette et sur l'épine nasale postérieure).
-        Ainsi, les muscles du voile participent indirectement à l'audition et à l'équilibration et ce par la mise en oeuvre d'un système pneumatique complexe allant du vestibule narinaire jusqu'aux cellules mastoïdes en passant par les fosses nasales, le rhino-pharynx et la trompe d'Eustache.
II.2    Organisation neuro-phsysiologique
-        Anté-natal : Réflexe ;
-        A la naissance, elle devient praxie ;
-        C'est une succession d’actions motrices dont la coordination dépend d’un centre bulbaire dont l’activité est déclenchée par des influx corticaux ou par des stimulations périphériques ;
-        Elle peut être aussi adaptée par voie réflexe ;
-        Les mouvements "primordiaux" de la déglutition sont donc le plus souvent effectués sans contrôle conscient mais peuvent être néanmoins volontairement contrôlés. Les actions motrices remontent alors à la sphère cognitive pour y être analysés, voire modifiés : c'est le principe même de la rééducation motrice ;
-        Comme toutes les praxies, celles de la déglutition ne sont pas innées. Elle sont acquises par la répétition et par l'éducation. Elles vont se coordonner ensuite en de nouvelles praxies complètes d'ordre supérieur. Chez le sujet mature, les praxies représentent un "savoir-faire" ;
-        Au niveau lingual :
o      Il faut distinguer la langue mobile en avant du V lingual et la base de la langue en arrière ;
o      Les acquisitions gnosiques et praxiques vont concerner essentiellement la langue mobile facile à rééduquer ;
o      En revanche, les acquisitions posturales intéressent plus la base de la langue qui est la partie la plus difficile à rééduquer (DEFFEZ) surtout lorsque l'on veut une ascension pour réaliser un dôme lingual en position de repos.
II.3    Evolution ontogénique du temps buccal de la déglutition
II.3.1    In utero
-        10ème semaine : HOOKER : déglutition réflexe du liquide amniotique. C'est la 1ère fonction ;
-        12ème semaine IU : réflexe de succion apparaît ;
-        28ème semaine IU : succion déglutition indissociable et synchronisées ;
II.3.2    A la naissance et chez le nourrisson
-        La déglutition inséparable de la succion ;
-        Leur stimulation peut se faire par le toucher des lèvres ;
-        Il existe une macroglossie relative ;
-        L'orbiculaire des lèvres est un joint puissant ;
-        La langue (XII) interposée entre les arcades immobilise les arcades ;
-        Il existe une participation important des muscles faciaux.
II.3.3    Substitution par la déglutition arcades au contact
-        C'est en moyenne vers l'âge de 3 ans, une fois la denture lactéale est constituée que l'enfant "avale sa salive comme il se nourrit" (DEFFEZ), et ce spontanément ;
-        On assiste donc à une postériorisation de la musculature active constituée désormais par les muscles élévateurs mandibulaires. C'est elle qui immobilise la mandibule ;
-        La mandibule "fixée" en occlusion d'ICM constitue la nouvelle référence spatiale du schéma corporel de la sphère orale ;
-        Dans le même temps, l'occlusion dentaire entraîne une nouvelle proprioception qui s'affine ;
-        La dynamique linguale n'est plus couplée avec celle labiale et se modifie : la langue est entre les arcades en appui palatin antérieur ;
-        Le vide intrabuccal n'étant plus nécessaire, la fermeture labiale doit se faire sans contraction des orbiculaires et autres muscles péribuccaux. "Les muscles labiaux ne jouent plus aucun rôle nutritionnel" (DEFFEZ) ;
-        Orbiculaire des lèvres perd son rôle de joint puissant mais garde une fonction obturatrice modérée ;
-        Réflexe de succion disparaît ;
-        Les effets de la croissance :
o      Macroglossie relative disparaît par croissance différentielle de CB (par 5) et de la langue (par 2) ;
o      La langue s’abaisse ;
o      descente de l’os hyoïde ;
o      la CB s’accroît verticalement (dent et PA) ;
o      les lèvres s’allongent ;
o      è On passe donc d'une succion – déglutition à une mastication – déglutition.
-        Ce schéma fonctionnel se retrouve chez 60% des enfants (DEFFEZ).
II.3.4    Denture mixte
-        pertes des incisives peut => régression vers déglutition archaïque.

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